Une saison inoubliable…

mais plus jamais ca !

Revenant des premiers entrainements de l’été 2011, les plus fervents supporters rapportaient d’Aguilera d’élogieux propos au sujet des recrues et fondaient les espoirs les plus fous sur la saison à venir. Pris par un tourbillon d’optimisme, je me prenais moi-même aussi à rêver d’horizons glorieux.

L’été meurtrier

Et puis le premier match de préparation arrive. Face au S.U Agen, les Rouge et Blanc encaissent trois essais et s’écroulent en deuxième mi-temps. Est-ce un signe prémonitoire ou simplement l’effet de la chaleur conjugué à un manque de préparation ? Cent pour cent des supporters interrogés penchent alors pour la deuxième solution, pensant que nous nous remettrions vite d’aplomb. Et pourtant…

Deux matches de préparation peu concluants plus tard et pour l’ouverture du Top 14 nous voici à Toulon. Malmené par l’équipe aux brins de muguet, les Rouge et Blanc, groggy n’entendent que les clochettes d’une lourde et terrible défaite (30-5). Le B.O.P.B, patraque couve quelque chose. Mais quoi ?

Il ne faut pas plus d’une semaine pour s’en rendre compte. En recevant le S.U. Agen, les Rouge et Blanc frôlent la correctionnelle en concédant le nul (9-9). Et la malchance liée au manque de réussite fait son apparition. En début de match, une malheureuse inspiration de l’arbitre prive le B.O. d’un essai tout fait. Et ce n’est pas fini ! Après perdu Benoît Baby à Toulon, dès la 10 ème minute du match, Magnus Lund victime d’un plaquage aussi méchant que vicieux voit sa saison pratiquement terminée. Benoît Guyot qui le remplacera ne quittera jamais plus le groupe…Paradoxalement, il existe un seul motif d’espoir : depuis trois saisons le B.O.P.B. a toujours mal débuté à la maison et il s’est toujours relevé. Croisons les doigts !

Le B.O. ne s’en sort pas. Pour la troisième saison consécutive, le Castres Olympique vient gagner à Aguilera (23-18). « Je ne vais pas tuer mes joueurs » déclare le président Serge Blanco. Intuition quand tu nous tiens !

Et pendant ce temps-là débutait la coupe du Monde de rugby privant les clubs de leurs meilleurs joueurs français et étrangers pendant le Top 14. Quel sport au monde peut se permettre d’organiser deux compétitions simultanément ? Même les fédérations de fléchettes et de curling bien plus respectueuses de leurs licenciés et de leurs spectateurs n’y avaient même pas pensé…

Privé de ses meilleurs éléments, le B.O.P.B. en réelle souffrance explose à Toulouse (24-0). Cette fois, le cauchemar débute. Inouï, impensable, extravagant, Biarritz est dernier du Top 14 !

Comme le chante Francis Cabrel « ça continue, encore et encore, c’est que le début… ». Pour le compte de la cinquième journée, face à Perpignan, deux essais d’Arnaud Héguy et d’Ilikena Bolakoro permettent aux Rouge et Blanc de mener à la mi-temps (21-12). Hélas ! Dès le début du second acte, un essai du Catalan Damien Chouly vient glacer Aguilera. Les Biarrots encaissent un terrible (17-0) et sauvent le bonus défensif à la dernière seconde grâce à une pénalité de Jean-Pascal Barraque. Si Biarritz est au fond du seau, Perpignan emmené par Jacques Delmas vient de signer la première victoire en plus d’un siècle d’Histoire à Biarritz. Victime d’un nouveau k.o ., Eduard Coetzee ne jouera plus jamais au rugby…Rien ne s’arrange

Chaud effroi

Le match à Bègles devient d’une importance capitale. Les Biarrots fébriles en première mi-temps trouvent par la suite la récompense de leur vaillance et de leur courage. Pour la première fois de la saison, le B.O.P.B conjugue le verbe « gagner » au présent (13-11). Mais Biarritz est encore treizième du Top 14.

Le B.OP.B. a-t-il enfin retrouvé son rythme de croisière ? Beaucoup le souhaitent avant le déplacement à Brive. Hélas ! En Corrèze, les hommes de Serge Milhas et John Isacc s’effondrent à nouveau. A six minutes de la fin du match, ils sont menés (34-0) par des Brivistes tout étonnés de réaliser leur premier bonus offensif de la saison (ils récidiveront la semaine suivante face à l’Aviron Bayonnais). Même l’essai transformé de Julien Peyrelongue dans les derniers instants de la rencontre ne changera rien à l’affaire. Le 15 octobre 2011, l’ombre menaçante de la Pro D2 plane sur Biarritz…

Déjà la huitième journée et Aguilera accueille Lyon-Biarritz, le match des derniers, celui de la « dernière chance ». Le L.O.U a les crocs même privé de sept joueurs victimes d’une épidémie de paradontite (inflammation gingivale). Et malgré deux essais de Dane Haylett-Petty et Manuel Carizza, les Rouge et Blanc concèdent le match nul aux Rhodaniens (15-15). Mais cela aurait pu être pire, sur la sirène, l’arrière lyonnais Régis Lespinas manquait la pénalité de la gagne… au soir du 22 octobre, le rugby basque est au plus mal, Bayonne largement battu à Brive (30-10) occupe l’avant dernière place du Top 14 devant…le B.O.P.B.

Une nouvelle déroute attend les Rouge et Blanc. Pour le dernier match de sa carrière, le valeureux Philippe Bidabé quitte le Stade Marcel-Michelin de Clermont-Ferrand sur un terrible (41-0). Au regard de sa carrière, « Bidouille » méritait une meilleure sortie. «  Nous avons manqué totalement de combativité. On a démissionné quasiment avant d’entrer sur le terrain. Nous sommes une famille donc nous allons laver notre linge sale entre nous » déclare Serge Blanco alors que se profile le derby basque.

Le 5 novembre, le centième derby basque programmé à Anoeta est reporté à une date ultérieure à cause d’une épidémie d’oreillons qui sévit sur le Top 14…

La semaine suivante, le B.O.P.B. en difficulté en Top 14 retrouve du tonus avec le retour de ses internationaux pour son entrée en H Cup. A Swansea, malgré deux essais de Iain Blashaw, les Rouge et Blanc s’inclinent (21-28) devant la botte de Dan Biggar, l’ouvreur des Ospreys , auteur de vingt-trois points. Malgré la défaite, le B .O. a retrouvé des couleurs.

En pénétrant sur la pelouse d’Aguilera, avec tes tee-shirts floqués au nom d’Eduard Coetzee, contraint d’arrêter sa carrière, les joueurs du B .O.P.B . voulaient se montrer dignes de leur coéquipier. Face aux Saracens, leader du championnat anglais, ils réalisent un match en tous points remarquable. Après un essai de Damien Traille, la fusée Takudzuwa N’Gwenya perforera la défense des Sarries sur soixante-dix mètres. A l’issue du match « Zy » déclarera : «  J’étais très content parce que mes deux potes de l’équipe des U.S.A qui jouent aux Saracens m’avaient fait chier toute la semaine avec leurs SMS, je m’étais dit que je ferais un truc pour qu’ils pètent un plomb ».

La joie revenue dans vestiaire biarrot ne durera que le temps d’un week-end. Dès le vendredi suivant, à Colombes, les Rouge et Blanc qui mènent à la mi-temps (9-8) encaissent deux essais « casquette ». Devant un Racing-Métro brouillon mais vainqueur (28-9), le B.O.P.B. n’a pas confirmé son exploit européen. Dommage !

Dernier du Top 14, à sept points de l’Union Bordeaux-Bègles, le B.O.P.B . n’est pas dans les meilleures dispositions pour recevoir l’Aviron Bayonnais qui le précède de neuf points au classement. En plus d’accueillir le 100ème derby, ce mardi 29 novembre 2011 restera à jamais comme un derby historique. Jamais, je n’ai ressenti un tel climat de guerre et d’agressivité autour de « l’événement rugbystique de la Côte Basque » Et l’intrusion de Lucien Harinordoquy sur le terrain en pleine bataille marquera pour toujours ce match. Cadenassée, fermée, la rencontre vaudra par son incroyable final. A la 73ème minute l’essai de Thibault Lacroix le centre bayonnais assommera Aguilera. Bayonne tiendra son exploit quelques minutes en menant (19-18). Mais un dernier effort de la mêlée biarrote sur la ligne des quarante mètres bayonnaise donnera à Julien Peyrelongue l’occasion de réussir la pénalité de la gagne sur la sirène (21-19). Dans un vacarme indescriptible, Biarritz poussera un énorme ouf de soulagement.

Contrarié par l’épidémie d’oreillons, le calendrier du Top 14 oblige Biarrots et Bayonnais à rejouer cinq jours plus tard. Remis en selle par ce succès, les Rouge et Blanc n’ont qu’un objectif : battre Montpellier à Aguilera. En cette fin d’après-midi du dimanche 5 décembre, le B.O.P.B. veut croire encore en son étoile. Comble de malchance, Damien Traille, malade doit déclarer forfait. Pourtant tout commence bien, dès la 17ème minute du match, Takudzuwa N’Gwenya se trouve à la conclusion du plus bel essai biarrot de la saison. Sur soixante-dix mètres, cinq joueurs dont Dan Haylett-Petty, Imanol Harinordoquy et Fabien Barcella dévaleront le terrain en passes spectaculaires avant d’offrir à Zy l’essai de l’espoir. Menant à la mi-temps (11-8), le B.O.P.B va s’écrouler. Au cours du deuxième acte, les Héraultais inscrivent trois essais, s’octroient un bonus offensif inespéré et retrouve l’ambition. Le B.O.P.B. arrache un point de bonus défensif grâce une pénalité de Benoît Baby à l’ultime seconde (23-30) et retombe dans ses tourments.

En échangeant avec un journaliste à l’issue du match, je lui faisais part de mon inquiétude devant la position délicate du club mais m’appuyant sur l’Histoire du B.O. et la bonne étoile de son président, je lui signifiais que j’entrevoyais une lueur d’espoir. En 1989, condamné au Groupe B, le club avait sauvé sa saison en accédant à la finale du Challenge Du Manoir. En septembre 1991, après deux défaites à Nîmes et à domicile face à Valence d’Agen, le B.O semblait promis à un sombre destin. Neuf mois plus tard, il disputait la finale du championnat face à Toulon. En février 1996, après une défaite à Aguilera face au P.U.C. de Daniel Herrero, il lui fallait gagner six de ses sept derniers matchs pour rejoindre l’Elite du rugby français. Objectif atteint. Même cas de figure en 2009, il lui fallait remporter ses sept derniers matchs pour obtenir un passeport pour la H Cup. Opération encore réussie. Oui, j’y croyais encore. Parfois, l’Histoire se répète…

Dans la presse du lendemain, je lisais que ceux qui s’attachaient encore à une bonne étoile ou à l’Histoire du club, devraient se rendre à l’évidence, la Pro D2 serait la destination prochaine du B.O.P.B. Qui vivra, verra…

« Ce B.O. est désespérant » titrera l’Equipe du dimanche 11 décembre 2011. Catastrophique et mené à la mi-temps par le Benetton Trevise (24-12), le B.O.P.B. renaît du second acte mais s’incline (30-26) en prenant un bonus offensif et un défensif. Extravagant !

La semaine suivante, les Rouge et Blanc repassent quatre essais aux Italiens en quarante minutes. Après les essais de Iain Balshaw (45ème), Dane Haylett-Petty (51ème), Wencelas Lauret (73ème), Arnaud Heguy, en force, à l’ultime minute offre le point du bonus à son équipe. En H Cup tout reste possible…

…mais en Top 14, ça va mal. Pour le dernier match de la phase aller. Le B.O.P.B. sans ressort, au fond du seau baisse la tête à Paris devant le Stade Français (23-10).Noël promet d’être bien triste pour les supporters biarrots. Avec deux victoires, deux nuls et neuf défaites, leur club est dernier du Top 14 à six points de l’Union Bordeaux-Bègles, premier non relégable. Jamais dans sa glorieuse Histoire, le Biarritz Olympique n’avait connu pareille situation.

« la petite coupe d’Europe »

Entre le réveillon de Noël et celui du Jour de l’An, l’heure n’est pas à la franche rigolade autour d’Aguilera. On m’interpelle même : « tiens voilà le futur speaker de Pro D2 ! ». Il faut dire que la venue de Toulon en ce 31 décembre pluvieux et venteux n’engendre pas l’optimisme. Et pourtant, Dimitri Yachvili fait son retour …Avec vaillance et réalisme, à la suite de l’essai inscrit dès le début de match par Marcelo Bosch, les Rouge et Blanc mettent sous l’éteignoir un XV varois totalement absent (25-6). « L’énergie était du côté biarrot » concluait Bernard Laporte. L’énergie… du désespoir, malgré sa dernière place le B.O.P.B. se remet à y croire.

La semaine suivante, les Rouge et Blanc s’extirpent enfin de la zone de relégation. Grâce à quatre pénalités de Dimitri Yachvili et un drop de Marcelo Bosch, ils gagnent à Agen (15-6).

Le cœur plus léger, le B.O.P.B. peut à présent se consacrer à une éventuelle qualification pour les quarts de finale de H Cup. Après sa défaite très honorable face aux Saracens, seule une qualification pour l’Amlin Cup peut lui permettre de poursuivre son parcours européen. Pour cela, il lui faut disposer des Ospreys. Devant un Aguilera enthousiaste et enthousiasmé, cinq essais dont trois de Takudzuwa N’Gwenya et deux de Iain Balshaw et Benoît Baby lui assurent un billet pour « la petite coupe d’Europe ». Au 23 janvier 2012, les objectifs du club sont clairs : conserver sa place dans le Top 14 et remporter l’Amlin Cup, afin d’obtenir l’unique passeport disponible pour la prochaine H Cup. Tout un programme…

Et l’angoisse revient... A Castres, avec un mois de retard , le B.O.P.B joue au Père Noël en offrant deux essais aux Tarnais. Malgré deux réalisations de Benoît Guyot et de Pelu Ian Taele, les Biarrots par manque de patience passent à côté d’une victoire qui leur tend les bras. Heureusement dans l’ultime minute, un drop de Damien Traille leur donne, faute de mieux, un bonus défensif mérité (29-23). « C’est dur de perdre alors qu’on a montré que l’on pouvait jouer un beau rugby » déclarera Patrice Lagisquet alors qu’Imanol Harinordoquy se dira préoccupé. Au soir de la seizième journée du Top 14, Biarritz et Bayonne sont relégables. Inquiétant !

Noir c’est noir. Le vendredi 10 février, dans un froid de loup, le B.O.P.B. privé de ses meilleurs éléments encaissent trois essais dans les trente premières minutes de son match face au Stade Toulousain amputé de huit de ses internationaux. Dès la vingt-sixième minute en plaquant Yann David, le surpuissant centre toulousain, Julien Peyrelongue est victime d’un terrible K.o…. Rien ne va. Malgré un sursaut d’orgueil symbolisé en fin de match par une percée de Yann Lesgourgues, le B.O.P.B reste au fond du classement.

Une mêlée qui souffre, une charnière qui grince, des trois-quarts en manque d’inspiration, rien ne marche sur l’herbe d’Aimé-Giral à Perpignan. Les Rouge et Blanc subissent la loi des Catalans et du demi de mêlée Kevin Boulogne, auteur de vingt-deux points. Battu (25-6), à la limite de la déprime, le B.O.P.B. sait qu’il lui reste désormais huit matches pour s’en sortir. Réussira-t-il là où tous les statisticiens le donnent perdant ?

Retour gagnant

L’un des plus grands défis de l’Histoire du B.O. débute à Dax. Contraints de purger leur match de suspension à la suite des incidents d’Aguilera au cours du derby basque, les Biarrots ont trouvé refuge au stade Maurice-Boyau. Devant la surprenante et talentueuse Union Bordeaux-Bégles, dans le sillage d’un étincelant Dimitri Yachvili, auteur de deux essais, les Rouge et Blanc réalisent le match parfait orné d’un bonus défensif (38-13). Il ne reste plus qu’à confirmer ce succès, la semaine suivante face à Brive.

Sans réaliser une grande performance, les Rouge et Blanc mettent les Corréziens à la raison (26-11). Et si en fin de match, ils manquent un précieux point de bonus offensif, ils ne peuvent que se réjouir à la lecture des résultats de cette vingtième journée. Tous leurs rivaux se sont inclinés. Au classement, le B.O.P.B regagne la douzième place laissant à quatre points derrière lui l’Aviron Bayonnais et à huit longueurs, le Lyon O.U. 

« Jamais deux sans trois », après Bordeaux-Bègles et Brive, le B.O.P.B se rend à Lyon pour obtenir un troisième succès consécutif. Au Matmut Stadium, autour d’une grosse défense et très disciplinés les Biarrots ne manquent pas d’assurance et bien qu’accrochés à la pause (10-10), ils passent trois essais aux Lyonnais, lors du second acte. Comme il est devenu de tradition, ils laissent échapper le point du bonus offensif en prenant un essai à l’ultime minute. «  Maintenant il faut valider cette victoire contre Clermont, avouera Dimitri Yachvili. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour se maintenir ».

Biarritz a condamné Lyon à la Pro D2 mais il reste une place encore à pouvoir pour « le voyage en enfer ». A la onzième place, à égalité avec Brive et Perpignan, le B.O.B.P n’a que quatre points d’avance sur l’Aviron Bayonnais, premier relégable. Encore sur le fil du rasoir, le B.O.P .B accueille l’ASM Clermont-Auvergne. Entreprenants, longtemps dominateurs, les Rouge et Blanc se font surprendre entre la trente-sixième et la trente-huitième minute sur deux essais d’ Alexandre Lapandry et Benjamin Kayser. Menés (14-6) à la mi-temps, les hommes d’Imanol Harinordoquy voient tout le travail des dernières semaines s’écrouler. Mais avec un pack d’avants courageux et une équipe plus que solidaire, pénalité après pénalité, le B.O.P.B sort la tête de l’eau et l’emporte (15-14). Soulagé mais toujours pas sauvé…à quinze jours du derby retour.

« C’est la victoire de la solidarité »affirme Dimitri Yachvili à l’issue du succès des siens à Londres face aux Wasps ». Et pourtant … menant à l’heure de jeu (23-9), les Biarrots rêvent déjà d’une demi-finale d’ Amlin Cup à Aguilera, lorsqu’ils encaissent deux essais transformés. Heureusement Dimitri Yachvili auteur d’un cent pour cent passera la pénalité de la gagne à quatre minutes de la fin. Toujours en lutte dans le Top 14, le B.O.P.B. est à deux matches d’un billet pour la prochaine H Cup. Incroyable !

Après l’euphorie européenne, voici revenue, avec le derby basque la dure réalité du Top 14. Les Biarrots le savent, ils ont toutes les cartes en main. En s’imposant à Jean-Dauger, ils assureraient définitivement leur maintien tout en envoyant par le fond le voisin bayonnais. Après le quart de finale de 1992, le match de montée dans l’Elite de 1995, c’est peut-être le derby du siècle. Mentalement moins solides qu’à l’accoutumée, toujours à la poursuite du score, peu lucides, les Biarrots ne sont pas rendez-vous, battus (24-19). Et malgré l’unique essai du match inscrit entre les poteaux par Ilikena Bolakoro, ils laissent échapper à Bayonne, l’occasion de se rassurer définitivement. Rien n’est fait !

Il ne reste plus que trois matches en Top 14 : le Racing-Métro 92, le Stade Français à Aguilera et entre les deux un déplacement à Montpellier. Lorsqu’à la cinquante-troisième minute du match face au Racing-Métro 92, le centre parisien Henry Chavancy conclura l’un des rares mouvements d’envergure de son équipe, Aguilera s’arrêtera de respirer. Mais quand cessera cette maudite saison ? Heureusement en vingt-sept minutes, les Biarrots vont reprendre les commandes de la rencontre. Et l’essai vainqueur de Takudzuwa N’Gwenya viendra récompenser tout un club, presque assuré d’un maintien en Top 14.

Et quand tout va… Brive revient à Aguilera pour la demi-finale d’Amlin Cup. Avec maîtrise, en sachant concrétiser leurs temps forts, bien à l’abri derrière le jeu au pied de Dimitri Yachvili et de Damien Traille, les Biarrots viennent à bout des Corréziens (19-0). Vingt ans après, ils offrent à tous leurs supporters une nouvelle finale face au R.C. Toulon. Presque sauvé en Top 14, à quatre-vingt minutes d’une qualification pour la prochaine H Cup, les Rouge et Blanc ne seraient-ils pas sur le chemin d’un nouvel exploit historique ? Tout le monde a hâte de connaître la suite….

Après vingt-neuf secondes de jeu, le B.O.P.B encaisse à Montpellier l’essai le plus rapide de la saison. Privé de Dimitri Yachvili, Imanol Harinordoquy, Iain Balshaw et Dane Haylett-Petty, les Rouge et Blanc voués à une lourde défaite vont contrarier la machine héraultaise et revenir dans le match. Et il faudra de peu de chose pour qu’une interception de Julien Peyrelongue aille donner la victoire à une équipe courageuse et valeureuse, battue avec un précieux point de bonus défensif (21-16). Le lendemain, lors du match Brive-Bordeaux-Bègles, l’essai inscrit par le centre girondin Maxime Le Bourhis assurera le maintien définitif entre autres du B.O.P.B. Le C.A. Brive qui ne fut qu’une fois en position de relégable descendra en Pro D2.

Le 12 mai 2012, pour le « jubilé de Sylvain Marconnet » face à son Stade Français, un essai de Damien Traille et huit points de Dimitri Yachvili mettent à la pause les Rouge et Blanc à l’abri (13-0). Les quarante minutes qui suivront seront sans doute les moins captivantes de la saison mais les plus douces. Avec dans toutes les têtes, une certitude : Biarritz sera encore parmi l’Elite la saison prochaine.

En ce début du mois de mai, il ne reste qu’une question sans réponse. Le B.O.P.B. jouera-il sa douzième H Cup d’affilée ? Tout cela dépendra d’un succès sur le R.C. Toulon, à la recherche d’un titre obtenu pour la dernière fois en 1992 face …au B.O de Serge Blanco et sa bande de copains.

Au Stoop de Twickenham dans son match face à Jonny Wilkinson, Dimitri Yachvili va réussir le match parfait. En une minute il fait basculer le match par une roublardise sur son vis-à-vis Sébastien Tillous-Borde puis sur une ultime pénalité . Dans une équipe passée par tous les états d’âme au cours de la saison, la victoire (21-18) dans la « petite coupe d’Europe » a la saveur des plus grands triomphes. Et Dimitri Yachvili de conclure : « La lutte pour le maintien a créé ses liens particuliers entre nous. Plus que tout le reste finalement ». Quand on a que l’amour…

Ad-mi-ra-ble !

Impossible n’est pas biarrot ! Le charme du B.O., c’est de se complaire dans des situations délicates pour ensuite mieux s’en sortir. Mais que c’est difficile pour ses supporters ! Tout au long de cette saison, je me suis accroché à son Histoire et ses exploits antérieurs m’ont donné raison. Même si par le passé nous avons connu des titres plus prestigieux, cette saison 2011/12 restera à jamais comme la plus belle des aventures humaines. Avec un président exemplaire qui ne lâchera à aucun moment ses entraineurs, avec des joueurs qui ne cesseront de croire en leur salut, avec l’expérience des uns, le talent des autres, l’insouciance d’une jeunesse montante, le B.O.P.B. a écrit l’une des plus émouvantes pages de son existence.

Voilà pourquoi ce club mérite un profond respect, voilà pourquoi je l’aime, tu l’aimes, nous l’aimons tous passionnément.

Jean-Louis Berho.